mercredi 7 novembre 2018

Sensibilisation à l’Autisme



Qu'est-ce que c'est pour vous une personne autiste ? Quelle idée en avez-vous ?

Patricia : Ce sont des personnes pour lesquelles j’éprouve beaucoup de peine, qui ont un handicap, besoin d'aide de leur mère. Avec ces personnes, j'ai peur d'être maladroite.

Chantal : Ce handicap peut se retrouver aussi chez les adultes, certains n'arrivent pas à s'exprimer, d'autres plus ou moins. Patricia, tu sembles avoir une fausse représentation des personnes autistes ?

A-t-on pu connaître la cause ?

Philippe : Il semble à ce jour que plus de 800 gènes sont impliqués dans un état autistique.

Chantal : Peut-on reconnaître un autiste en repérant des tocs ?

Philippe : Les tocs ne sont pas spécifiques à l'autisme, on peut retrouver des signes mais ils peuvent se retrouver sur d'autres diagnostics.

Exemple d’image portée par le commun des mortels : « un garçon violent, qui se tape la tête dans les murs, lourdement handicapé »

On parle actuellement de troubles du spectre autistique.

Définition de l'autisme :

C'est un trouble neuro-développemental qui altère les fonctions cérébrales.

Les signes cliniques sont très variés, allant de l'absence total de langage à des habiletés langagières excellentes, d'un déficit intellectuel à son contraire (surdouance), de la présence de troubles psychologiques associés à leur absence, mais avec trois traits communs et constants :
-        une communication sociale difficile,
-        l'existence de comportements particuliers stéréotypés et répétitifs,
-        des intérêts spécifiques

L’hétérogénéité des troubles est aussi déterminée par la sévérité des symptômes, leur âge d’apparition et leur mode d’évolution.

D’autres troubles existent dans les domaines de la cognition, de la motricité, de la sensorialité, des capacités adaptatives, mais ils ne sont pas retenus dans les critères diagnostiques.

Annick et Laurent : dans les décennies précédentes l'autisme était envisagé comme une psychose infantile (un trouble psychologique / psychiatrique) avec une culpabilisation de la mère qui était désignée comme responsable des troubles de son enfant.

Philippe : Travaux sur l'autisme à partir dans les années 1940 :

Dr Kanner (Autisme avec déficit intellectuel)

Dr Asperger (Autisme sans déficit intellectuel). Il a fallu attendre 1981 au Royaume-Uni pour que ces travaux soient repris par le Dr Lorna Wing définissant ainsi le "Syndrome d'Asperger", autisme sans déficit intellectuel.

En France, on a commencé à envisager le diagnostic en 2005 sur les bases de la neuro-science porté par le premier Plan Autisme (2005-2007) qui s'est rapidement avéré très insuffisant. Trois autres plans ont suivi, le 4ème Plan Autisme en 2018. La France marque un retard de la prise en charge et du diagnostic de plusieurs décennies.

Les familles peuvent avoir des difficultés à reconnaître leurs enfants autistes sans déficit intellectuel. Elles ont également des difficultés de compréhension de la situation de handicap vécue par leurs enfants parfois diagnostiqués à l’âge adulte.

Le cerveau d'un autiste est moins efficient sur la communication sociale, alors que d'autres zones du cerveau peuvent être sur-efficientes.

De même si des personnes autistes présentent une absence de langage oral, d'autres développent des capacités langagières élevées ce qui ne veut pas dire que ces personnes vont exceller dans la communication sociale réciproque.

Chaque personne autiste va être unique. Comme l’exprime le Dr Amaria Baghdadli, si vous connaissez une personne autiste, vous avez donc tout le reste de votre vie pour découvrir les autres.

La personne autiste ne va généralement pas pouvoir déceler les émotions ressenties par son interlocuteur ou avec difficulté ou ne pas savoir en tenir compte tout simplement.

De même, il est possible qu'il y ait un seul mode de relation avec l'autre (même mode relationnel avec un ami, un collègue de travail, un conjoint, un membre de sa famille). Un autiste peut avoir les mêmes émotions pour tout le monde.

La personne autiste peut agir mais ne saura ni mettre les formes, ni tenir compte des codes sociaux, il n'a pas comme le commun des mortels d'amortisseur émotionnel. Tout lui arrive de manière brute avec une compréhension possible "au pied de la lettre" en dehors du contexte et des difficultés pour comprendre l'humour et le second degré.

Une personne autiste peut être aussi bipolaire, schizophrène ou présenter d'autres troubles psychologiques associés.

Souvent les tests neuropsychologiques mettent en évidence un QI hétérogène chez les personnes autistes, mettant en évidence des fonctionnements intellectuels contrastés pour la même personne entre déficit et sur-efficience intellectuelle.

Un autiste peut être bloqué dans son fonctionnement quand il est obligé de réaliser plusieurs actions en même temps : Exemple « Écouter, suivre, comprendre, retenir, ... »

Cela semble important dans l'accompagnement d'un enfant autiste, qu'il puisse apprendre avec des actes de répétitions. L’apprentissage en autodidacte est à favoriser. La personne autiste a besoin de trouver le mode d'apprentissage qui lui correspond.

Un autiste peut avoir des réactions inattendues, de nombreux passages d'angoisse.

Les événements sont traités de manière très rationnelle, détaillée voire obsessionnelle.

Les intérêts spécifiques : les personnes autistes ont des passions qui développent leur savoir encyclopédique, elles en tirent un apaisement et une satisfaction. Ces passions envahissent la vie quotidienne de la personne y compris en société

Stratégie de survie : donner le change pour donner à voir une vie privée plus « normale » vis à vis des autres autrement appelé la stratégie du caméléon.

L’hypersensorialité : chez les enfants autistes comme les adultes certaines textures, goûts, odeurs, le bruit (nature, densité, …), la température, la pluie, le vent, la lumière peuvent provoquer un sentiment d'envahissement et bloquer puissamment leur fonctionnement. Un autiste a besoin de confinement et de protection.

Les personnes autistes ont aussi du mal à hiérarchiser ce qu'elles perçoivent ce qui peut également paralyser leur fonctionnement.

66 % des personnes autistes à haut niveau de fonctionnement ont fait au moins une tentative de suicide. Les personnes autistes peuvent être souvent confrontées à des épisodes de dépression et d'épuisement.

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