Qu'est-ce
que c'est pour vous une personne autiste ? Quelle idée en avez-vous ?
Patricia : Ce sont des personnes pour
lesquelles j’éprouve beaucoup de peine, qui ont un handicap, besoin d'aide de leur
mère. Avec ces personnes, j'ai peur d'être maladroite.
Chantal : Ce handicap peut se retrouver aussi
chez les adultes, certains n'arrivent pas à s'exprimer, d'autres plus ou moins.
Patricia, tu sembles avoir une fausse représentation des personnes autistes ?
A-t-on pu connaître la cause ?
Philippe : Il semble à ce jour que plus de 800 gènes sont impliqués dans
un état autistique.
Chantal : Peut-on reconnaître un autiste en
repérant des tocs ?
Philippe : Les tocs ne sont pas
spécifiques à l'autisme, on peut retrouver des signes mais ils peuvent se
retrouver sur d'autres diagnostics.
Exemple d’image
portée par le commun des mortels : « un garçon violent, qui se tape la tête dans les murs, lourdement
handicapé »
On parle actuellement de troubles du spectre autistique.
Définition de l'autisme :
C'est un trouble neuro-développemental qui
altère les fonctions cérébrales.
Les signes
cliniques sont très variés, allant de l'absence
total de langage à des habiletés
langagières excellentes, d'un déficit
intellectuel à son contraire (surdouance),
de la présence de troubles psychologiques associés à leur absence, mais avec
trois traits communs et constants :
-
une
communication sociale difficile,
-
l'existence
de comportements particuliers
stéréotypés et répétitifs,
-
des
intérêts spécifiques
L’hétérogénéité
des troubles est aussi déterminée par la sévérité des symptômes, leur âge
d’apparition et leur mode d’évolution.
D’autres
troubles existent dans les domaines de la cognition, de la motricité, de la
sensorialité, des capacités adaptatives, mais ils ne sont pas retenus dans les
critères diagnostiques.
Annick et Laurent : dans les décennies précédentes
l'autisme était envisagé comme une psychose infantile (un trouble psychologique
/ psychiatrique) avec une culpabilisation de la mère qui était désignée comme
responsable des troubles de son enfant.
Philippe : Travaux sur l'autisme à partir
dans les années 1940 :
Dr Kanner (Autisme avec déficit
intellectuel)
Dr Asperger (Autisme sans déficit
intellectuel). Il a
fallu attendre 1981 au Royaume-Uni pour que ces travaux soient repris par le Dr
Lorna Wing définissant ainsi le "Syndrome d'Asperger", autisme sans
déficit intellectuel.
En France, on a commencé à envisager le diagnostic en 2005 sur les bases de la
neuro-science porté par le premier Plan Autisme (2005-2007) qui s'est
rapidement avéré très insuffisant. Trois autres plans ont suivi, le 4ème Plan
Autisme en 2018. La France marque un retard
de la prise en charge et du
diagnostic de plusieurs décennies.
Les familles
peuvent avoir des difficultés à reconnaître leurs enfants autistes sans déficit
intellectuel. Elles ont également des difficultés de compréhension de la
situation de handicap vécue par leurs enfants parfois diagnostiqués à l’âge
adulte.
Le cerveau
d'un autiste est moins efficient sur la
communication sociale, alors que d'autres
zones du cerveau peuvent être sur-efficientes.
De même si
des personnes autistes présentent une absence de langage oral, d'autres
développent des capacités langagières élevées ce qui ne veut pas dire que ces
personnes vont exceller dans la communication sociale réciproque.
Chaque
personne autiste va être unique. Comme l’exprime le Dr Amaria Baghdadli, si vous
connaissez une personne autiste, vous avez donc tout le reste de votre vie pour
découvrir les autres.
La personne
autiste ne va généralement pas pouvoir
déceler les émotions ressenties par son interlocuteur ou avec difficulté ou
ne pas savoir en tenir compte tout simplement.
De même, il
est possible qu'il y ait un seul mode de
relation avec l'autre (même mode relationnel avec un ami, un collègue de
travail, un conjoint, un membre de sa famille). Un autiste peut avoir les mêmes
émotions pour tout le monde.
La personne
autiste peut agir mais ne saura ni
mettre les formes, ni tenir compte des codes sociaux, il n'a pas comme le
commun des mortels d'amortisseur émotionnel. Tout lui arrive de manière brute avec une compréhension possible "au
pied de la lettre" en dehors du contexte et des difficultés pour
comprendre l'humour et le second degré.
Une personne
autiste peut être aussi bipolaire, schizophrène ou présenter d'autres troubles
psychologiques associés.
Souvent les
tests neuropsychologiques mettent en évidence un QI hétérogène chez les personnes autistes, mettant en évidence des
fonctionnements intellectuels contrastés pour la même personne entre déficit et
sur-efficience intellectuelle.
Un autiste
peut être bloqué dans son fonctionnement quand il est obligé de réaliser plusieurs actions en même temps :
Exemple « Écouter, suivre, comprendre, retenir, ... »
Cela semble
important dans l'accompagnement d'un enfant autiste, qu'il puisse apprendre
avec des actes de répétitions. L’apprentissage en autodidacte est à
favoriser. La personne autiste a besoin de trouver le mode d'apprentissage
qui lui correspond.
Un autiste
peut avoir des réactions inattendues, de nombreux passages d'angoisse.
Les
événements sont traités de manière très
rationnelle, détaillée voire obsessionnelle.
Les intérêts
spécifiques : les personnes autistes ont des passions qui développent leur savoir encyclopédique, elles en
tirent un apaisement et une satisfaction. Ces passions envahissent la vie quotidienne de la
personne y compris en société
Stratégie de
survie : donner le change pour
donner à voir une vie privée plus « normale » vis à vis des autres
autrement appelé la stratégie du caméléon.
L’hypersensorialité : chez les enfants autistes
comme les adultes certaines textures, goûts, odeurs, le bruit (nature, densité,
…), la température, la pluie, le vent, la lumière peuvent provoquer un sentiment d'envahissement et bloquer puissamment leur fonctionnement.
Un autiste a besoin de confinement
et de protection.
Les
personnes autistes ont aussi du mal à hiérarchiser
ce qu'elles perçoivent ce qui peut également paralyser leur fonctionnement.
66 % des personnes autistes à haut niveau de fonctionnement ont
fait au moins une tentative de suicide.
Les personnes autistes peuvent être souvent confrontées à des épisodes de dépression et d'épuisement.